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un musée pour la paix
18 septembre 2007

le premier descriptif BYBLOS

BYBLOS

Carrefour des écritures

 

 

L'héritage que porte l'antique ville de Byblos est immense. Elle occupe une place considérable dans l'histoire du Proche-Orient ancien depuis près de 8000 ans. Plusieurs villages néolithiques se sont ainsi succédés sur ce promontoire dominant la mer, ce dont témoignent des tombes creusées dans le rocher, sous les anciennes habitations. Le nom du site qui nous fut rapporté est Gubla, toponyme sémitique mentionné tant dans les tablettes sumériennes que dans les textes égyptiens dès le IIIe millénaire, et que les Grecs ont vocalisé Bublos. Le nom a servi rapidement à nommer le papyrus qui constituait une des sources de richesse de la cité ; il en est ensuite venu à désigner les rouleaux sur lesquels furent consignés la plupart des écrits : biblia – les livres. Le terme même de Bible s’est ainsi imposé.

 

 Soumise à des contraintes géographiques qui conditionnent son destin, Byblos est tributaire des influences de la mer et des contreforts du Mont-Liban. Des liens étroits et durables ont ainsi été noués avec l’Egypte vers la fin du IVe millénaire. De la montagne, qui assurait une régulière réserve d’eau, provenait la principale richesse du royaume de Byblos : le bois de différentes essences, parmi lesquelles le cèdre, qui était acheminé jusqu’au port et embarqué sur les navires vers de nombreuses destinations.

 

 Citée à plusieurs reprises dans

la Bible

, la ville de Byblos se situe aux confluents de nombre de civilisations dont les influences successives (égyptienne, cananéenne, mésopotamienne, hellénistique) sauront créer une culture particulièrement originale, dont Philon de Byblos nous a rendu compte dans son œuvre rédigée au IIe siècle de notre ère.

 

  Un temple dédié à la « Dame de Byblos » (Baalat Gubla), bâti vers 2800 avant notre ère, vers lequel affluaient des offrandes venues de tous horizons, a été entretenu jusqu’à l’époque hellénistique. S’y côtoient des cartouches de l’Ancien Empire égyptien, des vases d’albâtre, de multiples objets votifs attestant de l’importance du rôle cultuel de la ville de Byblos, qui comptait plusieurs autres sanctuaires où s’entassaient des figurines humaines ou animales en bronze. La cité a atteint une grande magnificence au début du IIe millénaire, période marquée par la richesse et les rapports d’étroite dépendance entretenus avec l’Egypte, ce qui ne l’empêche pas de s’assurer progressivement une ouverture vers le monde égéen. De la période phénicienne (Ier millénaire avant J.-C.) nous sont parvenues des inscriptions alphabétiques qui s’étalent jusqu’à la conquête par

la Perse

achéménide, à la fin du VIe siècle avant notre ère. Par les annales assyriennes nous connaissons en partie l’histoire de ce royaume vers lequel se sont dirigées les armées des rois mésopotamiens, de Salmanasar à Nabuchodonosor. Après la conquête d’Alexandre, la ville cessa d’être sous l’influence des Lagides pour être administrée par les Séleucides. Puis les Romains remodelèrent profondément l’acropole de Byblos, qui prend toute sa place dans le grand ensemble de

la Méditerranée

orientale, ce qui n’empêche nullement certains auteurs anciens de rappeler la particularité d’une cité qui passe pour une des plus anciennes du monde.

 

 La philologie tient surtout avec Byblos un des sites majeurs où exercer son investigation : hiéroglyphes, syllabaires et alphabets se chevauchent, et certains documents retiennent encore leurs secrets, faisant de la cité le symbole même de la fascination exercée par les premiers témoignages de l’écriture. Les inscriptions pseudo-hiéroglyphiques découvertes dans la cité constituent l’une des caractéristiques de cette civilisation, composant une écriture syllabique proprement originale, proto-linéaire, dont nombre d’aspects résistent encore au déchiffrement. Des comparaisons avec les systèmes d’écritures égyptien, minoen, chypriote, phénicien, proto-sinaïtique ont été avancées. Ont également été découvertes des tablettes en caractères cunéiformes, des stèles contenant des textes égyptiens, et diverses traces des origines alphabétiques du phénicien ; à partir du Xe siècle, l’alphabet semble définitivement constitué, probablement à Byblos, où le sarcophage d’Ahiram présente le premier texte cursif et parfaitement clair en phénicien classique. Or, en reprenant cet alphabet pour établir l’origine des différents signes, il est désormais soutenu que quelques-uns d’entre eux dérivent de l’écriture hiératique égyptienne. Ainsi, l’alphabet phénicien archaïque s’est débarrassé de toute trace de syllabisme ; quant au tracé des signes, il est devenu plus élégant, la taille des caractères s’est uniformisée, trouvant une forme classique. Byblos a par ailleurs offert aux hellénistes et aux latinistes de nombreuses inscriptions. Byblos ou la continuité des civilisations ; Byblos ou la rencontre des écritures.

 

 

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