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un musée pour la paix
18 septembre 2007

le premier descriptif CANAKKALE

ÇANAKKALE

Le carrefour des influences euroméditerranéennes

 

 

La Turquie

occupe une place exceptionnelle dans l'histoire du Proche-Orient, en tant que carrefour des civilisations et passerelle des migrations et des courants de pensée qui fondent l'identité culturelle de l'Europe actuelle. D'une exceptionnelle richesse archéologique, cette région retient l'attention de celui qui porte le regard sur les grands mouvements historiques, et qui rejoint les sources fécondantes de l'art. A plus d’un titre cette vaste région mérite son nom d’Anatolie, c’est-à-dire de « Pays du soleil levant ».

 

Les vestiges découverts sur le site de Çatal Hüyük forment incontestablement un des sommets de l’art néolithique. Le tell a révélé douze niveaux d’occupation (de 6500 à 5700 av. J.-C.). L’habitat est de type agglutiné, sans rue ; les motifs picturaux, les reliefs, la statuaire dénotent une remarquable inspiration ; l’ensemble concourt à forger l’image d’une culture originale, confirmée par les découvertes, dans le sud-est de l’Anatolie, d’autres sites remarquables de cette époque: Çayönü, Nevali Çori.

 

Au début de l’Age du Bronze le peuple hatti habitait l’Anatolie. Sa civilisation (2500-2000 av. J.-C.), qui avait atteint un haut niveau de culture, exerça une influence décisive sur les Hittites implantés ultérieurement. Le nom même de Hattusa, la capitale hittite, indique son origine hattie. La civilisation hittite résulte de cultures régionales successives tout en incorporant des éléments d’influence étrangère. Ces contacts fructueux ont abouti à l’éveil du génie propre à l’Anatolie, ainsi qu’en témoigne le site de Alaca Höyük

 

Troie résonne des échos de la légende et donne rendez-vous à l’histoire. Mentionnée dans l’Iliade, la ville mythique tenait son rang dès le début de l’âge du bronze et a été occupée jusqu’aux époques hellénistique et romaine. La richesse des vestiges (remparts, palais royal, trésors) témoigne de ces différentes occupations.

 

Au temps des invasions indo-européennes (Hittites, Louvites, Palaïtes) en Asie Mineure, l’Anatolie était également peuplée, outre les Hattis, de populations hourrites au sud-est, tandis qu’en Cappadoce prospéraient des comptoirs assyriens, traces d’un commerce régulier avec

la Mésopotamie. Plusieurs

cités fondées par les Hattis furent occupées par les Hittites au début du IIe millénaire : Kanesh (Nesa), Kussara, Hattusa, Zalpa, Puruskhanda. A Kanesh-Kültepe, ont été découvertes des traces marquantes de l’implantation des Hittites, ou Nésites (de la cité de Nesa, ce qui souligne son importance). Quant à la colonie assyrienne de Kültepe, elle a révélé des milliers de tablettes cunéiformes. Le site de Karahöyük mérite aussi d’être cité.

 

De l’ancien royaume hittite (1750-1450 av. J.-C.) ont émergé les murs cyclopéens de la citadelle de Hattusa. A l’époque de l’empire hittite (1450-1150 av. J.-C.), la sculpture et l’architecture atteignent le monumental : en témoignent les systèmes défensifs de Hattusa et de Alaça, et les temples de la capitale. Le sanctuaire de Yazilikaya, où s’observe une procession des divinités du panthéon officiel, constitue un exemple remarquable et unique des conceptions religieuses de ce peuple. Mentionnons également à Bogazköy-Hattusa les lions de la porte et les sphinx à Alaça. Les peintures murales de Nuzi forment un exemple de l’art du royaume du Mitanni qui étendait à l’est et au sud-est l’influence des Hourrites, et atteignit son apogée vers le milieu du second millénaire.

 

L’émergence de l’influence louvite (1180-690 av. J.-C.) succède à l’effondrement de l’empire. Le grand relief de Malatya est un exemple de l’évolution du style artistique qui prévalait sous l’empire. Quant à Karkemish et Zinçirli, s'y est développé un art qui leur est propre. Apparaissent vers la fin de cette époque les styles hittito-assyriens (reliefs de Karkemish), hittito-araméen (sculptures de Zinçirli, Sakçegözü, Maras), louvito-phénicien (sculptures de Karatepe), sans compter les nombreuses inscriptions en louvite hiéroglyphique.

 

La civilisation des Phrygiens, originaires des Balkans, s’est développée au centre de l’Asie Mineure (750-300 av. J.-C.). Les principales découvertes furent effectuées à Gordion (la capitale), à Alisar, Alaça, Pazarli, Bogazköy. Après une invasion cimmérienne (VIIIe-VIe siècle), les Phrygiens connurent une deuxième période favorable révélée par les monuments et les tombes de Eskisehir et Alfyon, et la roche taillée d’Arslankaya présente un remarquable relief de Cybèle. La civilisation des Lydiens, Lyciens et Cariens apparut à la même époque au centre et à l’ouest de l’Anatolie : Sardis, capitale des Lydiens, a livré d’importants vestiges ; à noter les ruines de Xanthos, parmi les plus exceptionnelles de l’Anatolie, et les tombes de cette capitale lycienne, ainsi que celles de Limyra, d’Antiphellos.

 

La pénétration hellénique en Asie Mineure s’est effectuée à l’Age du Bronze tardif, sous la période hittite, et s’est poursuivie pendant l’Age du Fer et la période persique (11e–4e av. J.-C.), puis après la conquête d’Alexandre le Grand. Ainsi que le révèlent les découvertes de Troie et de nombreux sites archaïques et classiques, les cultures grecques et anatoliennes subirent des influences réciproques.

 

 

Lors de la période hellénistique (300-30 av. J.-C.), certaines cités exercent leur influence : Pergame (frises du grand autel), Sardes, Ephèse, Milet, Didymes. Un certain syncrétisme s’est opéré dans le sillage des conquêtes d’Alexandre. Hermogenes bâtit le temple de Dionysos à Teos et l’Artémision de Magnesia ; quant au temple corinthien situé à Uzuncaburç, près de Silifke, il mérite d’être citer. Pendant le IIe siècle avant notre ère sont érigés de grands monuments: les frises de l’autel de Zeus à Pergame, l’ornementation du temple d’Apollon à Chryse en Troade, le temple de Zeus à Aizanes. A noter l’entrée de l’agora à Milet, mais également la tombe de Mylasa, le temple de Zeus à Euromos, en Carie, ou encore le théâtre de Termessos.

 

Le roi hellénique de Pergame lègua son royaume aux Romains qui créèrent la province d’Asie (dont le nom provient de la région hittite de l’Assuwa, où se trouvaient Troie et Assos). Mais, si la culture gréco-romaine s’étendit en Asie Mineure, les civilisations anatoliennes multiséculaires n’en survécurent pas moins.

 

Plus tard, l'apôtre Paul introduisit le christianisme en Anatolie, et fonda les sept églises d'Asie Mineure (Ephèse, Laodicée, Pergame, Philadelphie, Sardes, Smyrne, Thyatira). Puis l’Asie Mineure fait partie de l’Empire romain d’Orient (empire byzantin) ; églises et monastères sont creusés dans le roc de la vallée de Gorême (Cappadoce). Enfin, tandis que le Sultanat seldjoukide de Roum s’installe à Konya, se succèdent l’Empire latin de Constantinople, l’Empire de Nicée, le royaume de Trébizonde. C’est à partir de 1300 qu’apparaît une mosaïque d’Emirats turcs préfigurant l’empire ottoman. Celui-ci contribua à enrichir ce terreau culturel, dont

la République

de Turquie hérita.

 

Istanbul semblait ainsi être un site désigné pour l’implantation d’un musée des écritures et des racines des civilisations euro-méditerranéennes. Cependant, après une première mission de prospection, il apparaît clairement que Çanakkale constituerait un meilleur choix : la région est méditerranéenne, située aussi bien en Asie qu’en Europe, au carrefour de l’Anatolie, de la mer Egée et des Balkans, et représente un patrimoine archéologique et historique particulièrement remarquable : pendant l’Age du Bronze, Troie était aussi bien louvite anatolienne que grecque, d’après Homère et les découvertes archéologiques ; puis s’y établirent les Proto-Phrygiens, au début de l’Age de Fer. Dans le courant du Ve siècle avant J.-C., les Perses jetèrent un pont entre Abydus (proche de la cité de Çanakkale) et Sestus (près d’Eceabat) ; beaucoup plus tard, les Ottomans bâtirent une forteresse afin de contrôler le détroit des Dardanelles ; puis Britanniques, Australiens, Néo-Zélandais, Français, Africains et Turcs s’affrontèrent sur la péninsule de Gelibolu. C’était le temps des guerres, auquel la paix succéda. Çanakkale, un pont entre les civilisations, un carrefour des cultures, un lieu pour la paix.

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